Quatrième tome de la série "Hilda et le chien noir" vient de paraître aux éditions Casterman.
La série de l'auteur britannique Luke Pearson avait d'abord été publié par les éditions londoniennes Nobrow, avant qu'elles n'arrêtent récemment de traduire leurs livres en français. C'est Casterman qui a racheté les droits d'Hilda.
Notez déjà que "Hilda et le troll", "Hilda et le géant de la nuit" et "Hilda et les parade des oiseaux seront réédités au mois d'août.
Et on peut dire qu'il s'en est passé des choses depuis la première apparition de notre petit héroïne aux cheveux bleus dans "Hilda et le troll" paru en 2010 sous la forme d'un petit livre agrafé de 24 pages. Hilda a fait du chemin, et son créateur aussi.
Dans cette nouvelle aventure, Hilda qui a du déménager en ville, après avoir vécu au milieu des grands espaces, doit se faire à sa nouvelle vie. Elle vit désormais dans un petit appartement de la ville de Trollbourg, avec sa mère et son fidèle Brindille. Pour qu'elle puisse s'épanouir au grand air et se faire de nouveaux amis, sa mère lui propose de rejoindre la patrouille des moineaux, sorte de troupe scoute locale, qu'elle a elle-même fréquentée enfant. Poussée par sa curiosité naturelle et ne voulant pas décevoir sa mère, elle se joint au groupe, persuadée qu'une nouvelle aventure l'attend. On l'avait déjà remarqué dans les tomes précédents, Hilda a le chic pour attirer les créatures magiques, elle a aussi le don de les comprendre, de leur parler et toujours envie de les protéger. C'est comme ça qu'elle fait la connaissance de Tontu, un nisse de maison, sorte de créature qui habite les espaces perdus dans les maisons. Ce nisse a été banni de chez lui, et jure à Hilda qu'il a été accusé à tort. Entre temps, le départ en camping avec les moineaux se précise, mais l'expérience tourne court, car une bête énorme rôde et une rumeur raconte qu'elle aurait même dévoré des gens. Mais Hilda vous dirait qu'il ne faut jamais se fier aux apparences, et il ne lui en faut pas plus pour se lancer sur la trace de la bête, d'autant qu'elle veut protéger et innocenter le brave Tontu, qui semble d'une certaine façon lié à cette histoire de bête..
Ce nouveau tome montre une Hilda encore plus résolue. Son personnage a pris de l'épaisseur depuis l'esquisse des débuts. Elle est plus complexe et ressemble de plus en plus à une petite fille d'aujourd'hui, avec ses doutes, ses envies, ses angoisses et son humour. Comme beaucoup d'enfants, Hilda sait observer, elle voit des choses que les adultes ne voient pas, c'est comme ça qu'elle découvre toutes ces créatures qui sont invisibles à nos yeux.
On dirait que Luke Pearson, cerne davantage son public, cet album est vraiment destiné aux enfants. On peut peut-être expliquer cette évolution par le tour que les éditions Nobrow ont pris. Ils ont créé un label jeunesse où ils publient notamment Hilda, qui du coup se voit estampillé "pour enfants" ce qui n'était pas le cas du Nobrow des débuts. Ceci dit, on sent que Pearson veut rencontrer son lectorat, l'histoire se complexifie. Il donne vraiment de l'importance à la narration.
Le personnage de la mère, est aussi extrêmement touchant. Elle a ce côté bienveillant, parfois inquiet, mais elle fait toujours confiance aux décisions de sa fille et sait lui accorder son indépendance.
Luke Pearson crée un univers finalement assez réaliste qu'il parsème de petites touches fantastiques. On le sent influencé par les Moomin de Tove Jansson et par les mythologies scandinaves en général. On retrouve d'ailleurs l'esprit d'aventure et la bonne humeur propre à la famille Moomin.
Graphiquement le travail de Luke Pearson a énormément évolué. Physiquement Hilda a beaucoup bougé depuis le premier album. Son visage s'est arrondi, son nez est plus ramassé, ses yeux se sont considérablement agrandis. C'est tout le dessin de Pearson qui a évolué. Il semble plus fluide, moins laborieux, moins rigide, toujours en mouvement. Il y a aussi un petit côté Peanuts dans les attitudes et les expressions des personnages. La mise en couleur est sublime, sa palette de tons un peu passés colle vraiment bien à l'univers et à l'histoire.
Pearson cherche la lisibilité, il n'hésite pas à multiplier les cases pour qu'on comprenne bien la scène. Il y a aussi un gros travail sur la mise en page. La taille des cases change constamment, elles se superposent, prennent des formes originales. Ce procédé dynamise la lecture sans jamais brouiller la compréhension.
Quant à l'objet, il est très réussi. On peut se réjouir que Casterman reste dans la continuité de Nobrow en ce qui concerne la fabrication. Ils ont gardé le dos toilé, le papier mat de couverture avec un vernis sélectif.
Je pense que c'est un album qui mettra tout le monde d'accord, parents et enfants. Luke Pearson a l'air de se bonifier avec le temps, vivement le prochain Hilda, donc!!
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