Kaatje et les choses de la vie
Il y a des gens qui sont passés et qui ont flashé sur le livre dans la vitrine. Une petite fille impatiente avec son papa. Une autre petite fille avec sa grand mère, et une amie bibliothécaire. Penchée sur la table, Kaatje Vermeire concocte des dédicaces qui sont autant de petites merveilles ; sur la page de garde des livres se posent : de grandes images imprimées au tampon, de longues dédicaces calligraphiées, de petites cartes soigneusement assorties…
Pour ses illustrations, Kaatje travaille avec des techniques variées, et des matériaux hétéroclites. Elle conjugue la peintre à l’acrylique, la gravure à la pointe sèche, la gravure sur bois, le collage. Dans son atelier, comme dans un nid de pie, elle amasse les vieux papiers, et des magazines des années 50 et 60, qu’elle chine dans les magasins de seconde main de la rue du Midi. Elle y a également installé sa propre presse d’imprimerie avec laquelle elle peut expérimenter à cœur joie. « Expérimenter », ce mot revient souvent dans sa bouche ; Kaatje a d’abord fait des études de graphisme publicitaire à l’Académie des Beaux Arts de Gand, puis s’est orientée vers le graphisme libre, dont elle d’abord ressenti l’absence de contraintes comme quelque chose d’un peu inquiétant ; avec l’aide d’un professeur qui a su déceler dans son travail un talent inhabituel, elle a noué des contacts dans le monde de l’édition et de l’illustration. Les grands dessins réalisés pour une exposition ont impressionné l’auteur Geert De Kockere ; retravaillés, ils ont donné naissance à son premier livre, aujourd’hui traduit aux éditions du Rouergue « La grande dame et le petit garçon » ; la balle était lancée, et tout de suite dans le camp des grands… A 29 ans, Kaatje Vermeire a fait sensation à la foire de Bologne et publié plusieurs albums magnifiques, dont « Marie et les choses de la vie » (éditions du Sorbier), l’histoire du lien indéracinable qui se noue entre une grand’mère et sa petite fille.
Kaatje admire le travail de Gerda Dendooven, de Sara Fanelli, parle avec passion des portraits que David Hockney a fait de sa mère, pioche dans nos rayons un livre de Kitty Crowther qu’elle n’a pas, fait l’éloge des éditions MeMo, aime le travail de Joanna Concejo et de Frédérique Bertrand. Elle est concentrée et enthousiaste, pleine d’une force vitale et créatrice qui ne demande qu’à s’exprimer. Nous sommes très fiers et très heureux d’avoir pu passer un après-midi en sa compagnie.
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